Andrej Rublëv, L’Hospitalité d’Abraham, 1422
Galerie Tretjakov, Moscou
(Épisode du « Chêne de Mambré » : Livre de Genèse 18,1-16)
Commentaire d’Anonyme, Église catholique romaine
Les trois personnages se distinguent par la posture envers les deux autres :
Le Père, Ange de gauche, s’adresse au Fils, Ange central, en l’invitant par la main – posée en acte de bénédiction – vers la coupe du sacrifice, placée au centre des trois figures ;
Le Fils incline la tête et bénit la coupe : Il comprend la volonté du Père – se faire boisson et nourriture des hommes – et l’accueille ; demandant, par un même mouvement du bras vers la droite, l’assistance de l’Esprit Consolateur ;
L’Esprit Saint reprend l’orientation du Fils, qui regarde vers le Père : recevant avec pudeur le consentement du Fils, Il baisse le regard vers le mystère de la coupe, et en arrête l’acceptation par la main posée sur la table, ainsi se retournant vers le Père et vers le Fils.
Les gestes des trois figures indiquent la Relation Divine, notion inconnue à l’histoire des religions :
Les deux doigts qui disent la bénédiction du Père indiquent l’Ouverture de Sa Divinité à une autre Personne, également divine : don de Sa Divinité à Autrui, fait inouï dans les religions comparées ;
Les deux doigts du geste de bénédiction du Fils reprennent ce Don de Soi et le redoublent : par le consentement à Sa Double Nature, c’est le Mystère du Salut qui est annoncé ;
Revenant vers le Père, le geste de l’Esprit pose – désormais – la main tout entière à ratification de l’Ouverture Trinitaire. Cette main indique la totalité du mouvement : quatre doigts touchent la table du sacrifice.
Conclusion. L’homme est donc – quatrième – saisi en ce mouvement.
En effet :
C’est le Fils, et non le Père – amorçant un mouvement revenant par l’autre extrême – qui est placé au Centre du cercle.
Le Fils est donc placé En Face de l’Homme, contemplant sur terre L’Hospitalité d’Abraham. Par la Divino-humanité de la Personne centrale, la Circulation Trinitaire est cassée de l’avant, en un mouvement rectiligne excédant ce cercle – la Croix – s’amorçant dans le geste du consentement à la volonté bienfaisante du Père ; passant par la Coupe du sacrifice Spirituel du Jeudi ; et s’accomplissant dans le cœur du spectateur, saisi en L’Hospitalité trinitaire.
Le Trois englobe un quatrième, demeurant un Trois : effusion de l’Esprit par le Cercle et la Croix.
Postille.
En 1551, l’Église orientale déclare L’Hospitalité d’Abraham « Icône Proto-révélée » : autrement dit, donnée par Dieu lui-même. Pour la Communauté des Fidèles, réunie dans l’Esprit Saint, il n’est pas approprié de dire que c’est le saint moine Rublëv, canonisé en 1988, qui a peint L’Hospitalité, car sa révélation commence au sein de la Circulation Trinitaire ; passant – ensuite – à un homme, pour qu’elle soit participée aux Églises.