Couramment définies comme « religions du Livre », les traditions issues de la révélation biblique doivent être considérées – dans leur racine – comme, à plus forte raison, religions de la Parole.
C’est-à-dire, expérience religieuse en rupture avec le foisonnement de l’image, prôné par les cultes du Proche Orient ancien. Dans l’histoire des religions, la Bible est un Lieu : le lieu où la révélation de la transcendance éclaire l’homme à travers la parole. Kratophanie, hiérophanie, théophanie – de la parole, par la parole, dans la parole.
Voici l’origine de la Bible. Un désert – midhbar, Lieu-de-la-Parole – ; les lèvres, transcendantes, de Dieu ; et l’oreille du coeur, percée jusqu’à ouverture dans la béance de l’écoute.
Quand cette parole vivante portée par le sang, tissée dans la chair et l’histoire des hommes, se confie, finalement, à l’écriture : va prendre forme dans la chair d’un texte, elle se représentera comme parole absolue : glyphe sensoriel d’une onde sonore – Gloire sans idoles – image sans images.
Voix d’un silence ténu : 1 Rois 19,13.
C’est la naissance de la calligraphie : t r a c e–é c a r t (H. Renoux) d’un paradoxe de l’image qui a vu comme protagonistes les hommes du désert, du bassin de la Méditerranée.
Une approche adéquate de la Bible ne saurait donc éviter l’angle – vif – de la vision de l’invisible : de l’écriture comme révélation, manifestation d’une expérience d’écoute. Ouverte, entrelacée, tout comme – sur la feuille – les traces et les écarts dans le chemin du texte.
Comme les ondes du désert, de la mer : car – cite Renoux – vous êtes les uns des autres.